Mars ou Vénus?

Avez-vous déjà remarqué que la parole d'une femme a généralement moins de poids que celle d'un homme? Un même discours n'est jamais perçu de la même manière selon le sexe de son auteur. Le mâle bénéficie d'emblée d'un crédit de confiance, d'une bienveillance que les oratrices  ne connaissent pas. Elles doivent inlassablement argumenter, prouver, convaincre quand ces messieurs peuvent se contenter de vagues propos assénés avec assurance.

Quand on me parle de ce "chef-d'œuvre" de la littérature américaine «Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus», je sors mes plus beaux arguments pour prouver que ce livre n'aidera jamais les hommes et les femmes à se comprendre, au contraire! Malgré ma bonne volonté, la plupart des gens préfèrent croire son auteur, John Gray. Même quand j'abats ma carte maîtresse, pensant gagner le jeu, mon interlocuteur continue de penser que les femmes et les hommes viennent de deux planètes différentes. Ma carte maîtresse est pourtant neurobiologiste, Directrice de Recherche à l'Institut Pasteur et membre du Comité Scientifique "Science et Citoyen" du CNRS. Oui mais voilà, Catherine Vidal a beau être bardée de diplômes et travailler dans un célèbre institut de recherches, elle n'en demeure pas moins une femme. Est-ce pour cela que les gens sont si sceptiques quand elle écrit que femmes et hommes ont le même cerveau? Pourquoi est-ce si difficile de croire que nous avons les mêmes capacités intellectuelles, que nous ne sommes pas différents?  Pourquoi mettre en doute une neurobiologiste reconnue et préférer croire un profiteur qui s'est autoproclamé psychologue?

La première explication serait qu'un argument féminin a moins de valeur qu'un argument masculin. Mais malheureusement ce n'est pas la seule explication à l'aberrant succès de ceux qui nous prennent pour des extraterrestres ou qui sont persuadés qu'on ne sait pas lire une carte routière. Nous vivons dans une société qui a pour habitude de diviser et d'opposer pour mieux régner. Quand ce ne sont pas les femmes contre les hommes, ce sont les noirs contre les blancs, les pauvres contre les riches, les musulmans contre les chrétiens, etc. Le business est tellement plus florissant quand les gens vivent dans la crainte de l'autre. Comment ce pauvre Monsieur Gray gagnerait-il sa vie si femmes et hommes vivaient en harmonie? Que deviendrait le commerce si on arrêtait de faire croire aux gens qu'ils doivent consommer pour être heureux? Qui gagnerait les élections si nous respections tous nos voisins?

Je ne viens pas de Vénus mais s'il existe une planète Utopie, je demande l'asile.

Comments

[Nicolas Delerbe]

Mais êtes-vous une brillante neurobiologiste (ce dont je ne doute pas) ou plutôt une militante féministe qui cherche à culpabiliser le mâle de ce siècle, mâle blanc de préférence puisqu'il s'agit de celui qui actuellement est stygmatisé par l'époque ? Je me permets de vous poser la question car il me semble incroyable de voir à quel point un scientifique peut verser dans le militantisme et conclure que les différences entre hommes et femmes sont dûes uniquement à l'éducation, etg surtout au mal qu'a pu faire l'homme blanc dans sa façon de la mettre en place, dans l'unique but de reléguer les femmes à la maison (celles-ci n'étant que de pauvres victimes, n'est-ce pas ?). Cependant, je suis désolé de vous annoncer, et il est vrai qu'en ma qualité d'éudiant de 4ème année en fac de biologie, vous pourrez avoir beau jeu de me dénigrer, que la parité (pardon, l'égalité parfaite entre les sexes), n'existera jamais. Ni dans 10 ans, ni dans 100 ans, ni dans 1 million d'années. Ce petit exemple ci-dessous devrait vous le rappeler...

Les féministes, persuadés pourtant de la malléabilité de jeunes esprits feignent

d’oublier la structuration du psychisme dans les premiers mois de la vie. Le petit garçon et la petite fille ne perçoivent pas pareillement celle qui leur a donné la vie physique et qui représente leur référence première, leur premier

« amour » : la petite fille continue de se référer à celle qui est du même sexe qu’elle alors que le petit garçon est obligé de renoncer à celle avec qui il voulait rester dans la fusion et doit regarder ailleurs. Pour supporter cette souffrance terrible, cette castration psychique primaire, il la refoule en se prouvant qu’il

n’a jamais voulu être comme sa maman et qu’il a toutes les raisons d’être fier de son sexe. Ce petit garçon est ensuite tiraillé entre l’envie de fusionner avec sa maman, de goûter le plaisir de la communion et le devoir de montrer sa

différence, d’éviter le risque de vivre à nouveau la rupture. Comment alors ne pas imaginer que cette petite fille et ce petit garçon puissent se structurer différemment et que leur inconscient soit marqué à jamais ?

Cette différence de structuration ne dépend en rien de la culture de l’époque ou du pays et n’est imposée ni par les hommes ni par les femmes. Elle découle du fait d’être de sexe différent et ceci est la loi de la nature : l’impossibilité d’être « tout » !

[lyly]

On peut aussi souligner le caractère extrêmement ethnocentrique de toutes ces études occidentales qui se basent sur des réponses venant d'occidentaux, et dont on tire des conclusions sur l'humanité tout entière. On aurait fait des tests de sens de l'orientation sur des personnes vivant dans la jungle ou la savane, on aurait les mêmes résultats entre femmes et hommes, voir un avantage aux femmes dans les cultures où elles vont chercher l'eau et elles s'occupent des bêtes et des champs, quand le rôle traditionnel de l'homme le fait rester plus au village.
En fait, on aurait tout simplement fait des tests sur des non-citadins que les résultats auraient été difficiles à interpréter.

[Fée Myrtille]

"chèrE", c'est noté.

[poulet fermier]

chèrE serait plus approprié mais mon pseudo portant à confusion...Ce n'est pas grave

[Fée Myrtille]

A votre service, cher Poulet Fermier! Ravie d'avoir pu vous aider :-)